Portrait : Sara Carracedo, doctorante à l’IMN
À l’occasion de la « Journée internationale des femmes et des filles de science », nous avons le plaisir de vous présenter des portraits quotidiens de femmes scientifiques de l’IMN.
Leurs origines et leurs professions sont diverses, mais elles partagent toutes la même passion pour la recherche et la science.
A l’initiative d’Alba Garcia Baos, Jakob Scharnholz, Claire Delattre et Christelle Glangetas.
Sara Carracedo
PhD Student, Neurosciences
University of Bordeaux
Institute of Neurodegenerative Deseases
“Oui, les femmes font partie des Sciences, autant que n’importe qui d’autre”
En quelques mots, sur quoi travailles-tu au laboratoire?
Sara : Depuis mon Master à Bordeaux, j’étudie l’impact de l’inflammation sur la mort cellulaire survenant dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie neurodégénérative. Les réponses inflammatoires sont des réponses naturelles qui peuvent être soit bénéfiques soit défavorables pour l’organisme. Ces inflammations jouent un rôle important dans de nombreuses pathologies ayant des troubles neurologiques, comme par exemple dans la maladie d’Alzheimer ou la SLA.. Je souhaite comprendre plus précisément, la contribution de deux cellules immunitaires dans la SLA : 1) le rôle des microglies dans le système nerveux central et 2) le rôle des macrophages dans le système nerveux périphérique.
La science de Sara en images :
Sara étudie la microglie dans le cerveau en condition physiologique et dans des conditions pathologiques, en particulier dans la SLA.
Sara étudie la microglie dans le cerveau en condition physiologique et dans des conditions pathologiques, en particulier dans la SLA.
Image d’une reconstruction 3D de cellules microgliales restantes du cortex de la souris (en collaboration avec Ludovica Congiu).
As-tu toujours su que tu voulais faire des sciences ?
Sara : Non, du moins je ne l’ai pas formulé ainsi. Après le lycée, j’ai choisi la médecine vétérinaire parce que je voulais comprendre l’origine des maladies. Je me suis orientée vers la médecine animale plutôt que vers la médecine humaine, tout simplement parce que je préfère les animaux. Avec le temps, cependant, j’ai réalisé que mon intérêt se portait clairement sur la science derrière la santé, ce qui m’a amené à m’orienter vers la recherche sur les maladies humaines.
Complète cette phrase s’il te plaît : « Pour faire des sciences, il faut … »
Sara : … être curieux et créatif. Il faut également être très résistant et travailleur, ainsi que patient, car la science n’offre généralement pas de récompenses immédiates.
Tu as une grande expérience internationale,tu as déjà étudié/travaillé dans 5 pays différents au cours des 10 dernières années. Recommanderais-tu cela à d’autres personnes ?
Sara : Je pense que cela dépend de la situation. Si vous avez trouvé une ville/université où vous vous sentez à l’aise, surtout si vous aimez l’environnement du laboratoire, c’est le plus important, ce n’est pas forcément la peine de changer de pays.
Dans mon cas, je n’étais pas sûre de la recherche que je voulais faire. Le fait d’essayer des laboratoires dans différents pays avec leurs cultures de recherche respectives m’a vraiment ouvert l’esprit sur la façon dont la science peut être traitée d’un endroit à un autre. Par exemple, le montant des ressources financières est très différent d’un pays à l’autre, ce qui influe sur la manière dont la science est menée.
Tu avais commencé par étudier la médecine vétérinaire, puis tu as travaillé dans une start-up pharmaceutique et maintenant, après un master en neurosciences, tu prépares un doctorat. Que penses-tu du fait de changer souvent et de repartir de zéro ?
Sara : Je pense qu’à long terme, c’est bénéfique car cela permet d’avoir une vision très large de la science – des concepts moléculaires aux applications cliniques. Cependant, au début, cela peut être un inconvénient, surtout si l’on considère que vos pairs ont souvent déjà acquis des connaissances et des compétences de laboratoire spécifiques que vous n’avez pas (encore). Cependant, cette exposition précoce à de nouveaux défis peut vous aider à développer une capacité d’adaptation dès le début de votre carrière.
As-tu rencontré des difficultés en tant que femme pour faire des sciences ? As-tu entendu dire que les sciences n’étaient pas faites pour les filles ?
Sara : Oui, j’ai rencontré des difficultés. On ne pas vraiment dit que les femmes n’étaient pas faites pour faire de la science en soi. J’ai plutôt eu du mal à être reconnue pour ce que je faisais par rapport aux hommes. Par exemple, dans certains projets où j’ai travaillé avec des hommes, ces derniers étaient plus souvent reconnus pour le travail de l’équipe. Ce manque de reconnaissance est l’une des raisons pour lesquelles je m’engage aujourd’hui à accroître la reconnaissance des femmes dans les sciences en créant l’initiative « Voix de femmes » à Bordeaux. J’y interviewe spécifiquement de (jeunes) femmes dans la recherche, en soulignant leurs réalisations scientifiques et en prouvant que oui, les femmes font partie des sciences autant que n’importe qui d’autre.
Et pour finir ce portrait, la Science de Sara en musique: qu’est ce que tu écoutes à la paillasse?
Sara : J’aime beaucoup « Battle Born » de The Killers que j’écoute à la fois pendant mes expériences mais aussi lorsque je vais courir après le travail pour me vider la tête. C’est une chanson géniale qui décrit très bien le parcours d’un doctorant : se relever encore et encore de ses échecs et faire preuve de résilience, ce qui finit par mener au succès.