14 février 2025

Portrait : Karine Massé, enseignante chercheuse à l’IMN

À l’occasion de la « Journée internationale des femmes et des filles de science », nous avons le plaisir de vous présenter des portraits quotidiens de femmes scientifiques de l’IMN.
Leurs origines et leurs professions sont diverses, mais elles partagent toutes la même passion pour la recherche et la science.

A l’initiative d’Alba Garcia Baos, Jakob Scharnholz, Claire Delattre et Christelle Glangetas.

OK DSC_6393

 Karine Massé
Enseignante-Chercheuse, Biologie/Neurosciences
Université de Bordeaux
Institut des Maladies Neurodégénératives

« Il faut croire en soi ».

Karine fr

En quelques mots, sur quoi travailles-tu au laboratoire?
Karine : J’étudie les fonctions des récepteurs P2X qui sont des récepteurs ATP au cours du développement embryonnaire des vertébrés avec le modèle xénope. La question que je me pose est : “quelle est leur implication dans la différenciation cellulaire lors de la formation du cerveau et du rein ?”

La science de Karine en images

Karine

Sciences Karine francais

Dessin montrant le développement embryonnaire de Xénope, montrant l’expression d’un gène P2X.

Sciences Karine francais b

Photo d’ovocytes de Xenopus

As-tu toujours su que tu voulais faire des sciences ?
Karine:
Quand j’étais plus jeune, je voulais être médecin ou vétérinaire. Je me suis vite rendue compte que ne supportant pas la vue du sang, ça ne serait pas possible. J’ai toujours su que c’était dans les sciences que je souhaitais travailler et non dans le littéraire. J’ai fait un parcours d’étude scientifique classique, avec un BAC scientifique auparavant appelé BAC C. Après deux ans de classes préparatoires Maths Sup Bio, j’ai rejoint l’université pour suivre une licence de Biologie  des Organismes et des Populations à l’Université d’Orléans. Je me suis spécialisée avec l’option biologie animale en Maîtrise. J’ai eu la chance d’avoir des enseignants à l’Université passionnés par ce qu’ils faisaient. Et là, je me suis dit c’est ce que je veux faire, je veux enseigner les Sciences à l’Université.

Tu fais de la recherche et de l’enseignement à l’Université de Bordeaux depuis 2008. Qu’enseignes-tu? A combien d’élèves as tu enseigné?
Karine:
J’enseigne principalement la biologie du développement embryonnaire des vertébrés. Si on calcule les différentes promotions, unités d’enseignements(UE), depuis 17 ans, j’ai enseigné à près de 30 000 étudiants.

Enseignes-tu la même science depuis 17 ans ou y a -t-il eu des changements sur le contenu ou le format? As-tu des responsabilités annexes?
Karine:
Depuis mon recrutement, j’enseigne la biologie du développement. Par la suite, je me suis impliquée dans l’enseignement de l’anglais scientifique. J’ai également mis en place des UE d’ouverture et de personnalisation des parcours des étudiants, dont une que je co-dirige sur les agents pathogènes (virus, parasites, bactéries) et leur impact sur le système nerveux et le comportement des personnes. J’espère passionner les étudiants avec mon enseignement comme je l’étais moi-même il y a 30 ans lorsque j’étais étudiante. Je suis responsable d’une UE intitulée “Biologie et Société” où je fais étudier  les liens entre la recherche scientifique en  biologie et la société et également l’impact de la société sur la recherche. Je gère le parcours international de la Licence et du Master 2 International de Neurosciences.
Je suis aussi coordinatrice des mobilités des étudiants et je m’occupe des étudiants internationaux qui sont en mobilité avec Erasmus+ par exemple.
La façon d’enseigner à changé notamment depuis le Covid avec l’apparition de l’enseignement à distance. Quand j’étais étudiante, on écrivait pendant des heures des cours (propos, dessins ou éléments sur le tableau noir), ce que l’on appelait “grattait des cours” mais cela ne marche plus de la même manière aujourd’hui. Les étudiants ont également changé, car aujourd’hui, ils ont plus facilement accès au numérique et aux informations en ligne.  On développe des innovations pédagogiques: on utilise des plateformes numériques, on met en place un enseignement plus personnalisé et une pédagogie active pour rendre les étudiants acteurs de leur formation.

Peux-tu nous décrire à quoi ressemble ta journée type en tant qu’enseignante-chercheuse ?
Karine:
Il n’ y a pas de journée type. Ce n’est pas du 9h/17h. Et c’est cela que j’aime bien.

Complète cette phrase s’il te plaît : « Pour faire des sciences, il faut … »
Karine:
être curieux, tenace, un peu fou et  passionné

As-tu rencontré des difficultés en tant que femme souhaitant travailler dans le domaine des Sciences ?
Karine:
J’ai eu la chance pendant mon post doctorat de travailler avec des chercheurs de rang A (professeurs ou directrices de recherche), mais j’ai tout de même pu faire le constat à ce moment-là qu’il y avait  très peu de femmes qui occupaient des postes à responsabilités.
Ce problème de parité et le manque de femmes dans des postes de direction se retrouve aussi bien dans la recherche  que dans l’enseignement. Pendant ma carrière,  j’ai notamment eu des exemples autour de moi où la question de la grossesse et du congé maternité étaient des sujets sensibles, qui pouvaient freiner lors de recrutement. Il y a des différences d’un laboratoire à un autre, mais il y a encore du chemin à faire.
La parité est essentielle.

Où te vois-tu dans 5 ans ?
Karine:
J’ai toujours la même volonté depuis 2020. J’aimerais enfin être professeure à l’Université de Bordeaux (et ce avant les 5 ans) et pourquoi pas codiriger une équipe de Recherche. Je voudrais toujours m’impliquer dans l’enseignement pour contribuer à la réussite des étudiants et à leurs choix de carrière. Je souhaiterais également avoir plus de responsabilités au niveau de l’Université notamment au niveau des collèges de l’Université.

Que voudrais-tu dire à la jeune génération (et aux filles qui aiment les sciences et qui hésitent à s’orienter vers les sciences) ?
Karine:
 Je dirais à la nouvelle génération, il faut y aller si c’est ce que vous voulez faire. Il ne faut pas s’auto-inhiber et ne pas avoir de regret. Il faut croire en soi.

Et pour finir ce portrait, la Science de Karine en musique: qu’est ce que tu écoutes à la paillasse?
Karine:
Pour me donner la pêche le matin, j’écoute par exemple “Superstition” de Stevie Wonder pendant que je micro-injecte les embryons (cela me donne le rythme) et pour être au calme, c’est “The Scientist” de Coldplay.