12 février 2025

Portrait : Alba, post-doctorante à l’IMN

À l’occasion de la « Journée internationale des femmes et des filles de science », nous avons le plaisir de vous présenter des portraits quotidiens de femmes scientifiques de l’IMN.
Leurs origines et leurs professions sont diverses, mais elles partagent toutes la même passion pour la recherche et la science.

A l’initiative d’Alba Garcia Baos, Jakob Scharnholz, Claire Delattre et Christelle Glangetas.

Alba Garcia Baos

Alba Garcia-Baos
Post-doctorante, Neurosciences
Institut des Maladies Neurodégénératives

“Allez au bout de vos envies et de vos rêves!”

Alba fr

En quelques mots, sur quoi travailles-tu au laboratoire?
Alba:
J’étudie l’effet d’une exposition au stress, en particulier l’isolement social pendant la période de pré-adolescence dans le développement de troubles de l’anxiété à l’âge adulte. Mon hypothèse est que ce stress précoce impacterait notamment une  région du cerveau, appelée noyau basolatérale postérieur de l’amygdale (BLP). Le BLP pourrait être à l’origine de ces troubles de l’anxiété.

La science d’Alba en images

Alba isolement social

BLP

L’isolement social lors de la pré-adolescence peut elle induire des troubles anxieux à l’âge adulte? Photo d’une coupe coronale de cerveau de souris montrant le noyau basolatérale postérieure de l’amygdale (BLP). Le BLP serait-il impliqué dans le développement de ces troubles anxieux? Alba a injecté un traceur rendu vert fluorescent dans le BLP d’une souris. Cela permettra de visualiser les autres régions du cerveau qui communiquent avec le BLP car celles-ci seront à leur tour vert fluorescent.

As-tu toujours su que tu voulais faire des sciences ?
Alba:
Je ne savais pas que je voulais faire des sciences avant  mes 17 ans. Je suis allée avec mon lycée à une journée porte ouverte de l’Université de Biomédecine, et là, je me suis dit: c’est ce que je veux faire.

Peux-tu nous décrire à quoi ressemble ta journée type en tant que post-doctorante ?
Alba:
Tous les matins, j’arrive au travail en vélo mais c’est ma seule routine. Chaque journée est un nouveau jour. C’est un travail avec beaucoup de variété.  Je peux analyser des données sur un ordinateur, lire des articles ou faire de l’histologie au laboratoire où j’observe des coupes de cerveau de souris. Je peux aussi être  à l’animalerie, et  mesurer le niveau d’anxiété des souris ou faire de l’électrophysiologie in vivo. Cela consiste à enregistrer l’activité électrique des neurones (cellules du cerveau) et ainsi comprendre comment différentes zones du cerveau communiquent entre elles.
Je suis une personne curieuse et dynamique et j’aime particulièrement les sciences car elles permettent une grande variété d’activités.

Complète cette phrase s’il te plaît : « Pour faire des sciences, il faut … »
Alba:
être très curieux, aimer le savoir et surtout aimer créer le savoir

Tu as étudié à Barcelone. Pourquoi as-tu décidé de faire ton post-doctorat en France, à Bordeaux ?
Alba:
Pour le développement de ma carrière, il était important d’acquérir une expérience professionnelle à l’étranger. C’est d’ailleurs un critère essentiel pour obtenir le financement espagnol “Ramon y Cajal”. J’aime aussi voyager, découvrir d’autres cultures donc c’était l’occasion de venir à Bordeaux, d’autant plus que le Bordeaux Neurocampus est l’un des meilleurs endroits pour faire des neurosciences. C’est également à Bordeaux que travaille François Georges, le codirecteur de mon équipe à l’IMN. J’avais écouté une de ses présentations lors d’un congrès et sa science me plaisait. J’ai ainsi voulu intégrer son équipe et cela a fonctionné.

Tu as obtenu trois financements, le financement Fi-AgauR”,  celui de la Fondation Fyssen et récemment celui de la Fondation de la Recherche Médicale. Félicitations! Peux-tu nous expliquer pourquoi as tu candidaté à ces financements et à quoi te servent-ils ?
Alba:
En Espagne, il n’ y a pas beaucoup de financements donnés au laboratoire. Cela fait donc partie du processus que de faire des demandes de financements afin de se dégager un salaire par exemple ou permettre aux projets de recherche de se développer. Cette proactivité m’a notamment permis de venir à Bordeaux avec un projet de recherche en tête que j’ai pu développer. Obtenir des financements est également un plus pour le CV : c’est une marque d’excellence car ils sont très difficiles à décrocher.

As-tu rencontré des difficultés en tant que femme souhaitant travailler dans le domaine des Sciences ?
Alba:
Je ne suis qu’au début de ma carrière, et pour le moment, je n’ai pas rencontré de difficultés, ou en tous cas “directes” mais j’ai conscience de certains problèmes. Par exemple, quand j’étais petite,  je n’ai jamais vu représentées dans les films ou dans les livres des scientifiques qui soient des femmes. Pendant mes études, les enseignants et professeurs de Sciences étaient exclusivement des hommes.
C’est un fait: il y a plus de femmes que d’hommes dans les sciences en début de carrière mais les tendances s’inversent ensuite avec des postes de direction. C’est le  fameux phénomène de la  courbe en ciseau (“scissor shaped curve”). Cela laisse penser qu’en tant que femme, il est plus difficile d’atteindre ces postes de direction.
En plus de faire partie d’une génération qui veut faire bouger les lignes, je suis aussi plutôt de nature rebelle. Si on me dit “ce n’est pas pour toi” sans aucune raison valable, je suis du genre à y aller, bien au contraire.
J’ai de la chance car mes parents m’ont toujours soutenu dans mes choix.

Où te vois-tu dans 5 ans ?
Alba:
Je souhaite finir mon post-doctorat à l’Institut des Maladies Neurodégénératives, à Bordeaux , puis retourner à Barcelone, d’où je suis originaire pour devenir chercheuse. Je veux vraiment faire des Sciences dans la recherche académique.

Que voudrais-tu dire à la jeune génération (et aux filles qui aiment les sciences et qui hésitent à s’orienter vers les sciences) ?
Alba:
Le domaine des neurosciences est une filière encore peu connue par les plus jeunes et difficile d’accès. Il ne faut pas hésiter à prendre les devants pour contacter les chercheurs, en savoir plus sur leurs projets, et éventuellement faire un stage pour découvrir ce monde passionnant.
J’aimerai plus spécifiquement dire aux filles qui aiment les sciences, d’être courageuses et d’aller au bout de leurs envies et de leurs rêves si c’est ce qu’elles veulent faire de leur vie professionnelle.
Les sciences ont besoin de diversité pour avancer !

Et pour finir ce portrait, la Science de Alba en musique: qu’est ce que tu écoutes à la paillasse?
Alba:
J’adore la musique et j’écoute plein de styles de musique différents, cela dépend de mon humeur et de l’énergie dans laquelle je veux être.
Si je dois effectuer une tâche répétitive et un peu ennuyeuse, je vais avoir tendance à écouter de la musique électronique pour me motiver. En revanche, lorsque j’ai des analyses à faire ou des choses qui me demandent de la concentration, je vais plutôt écouter des musiques calmes, de la musique classique.
Mon artiste du moment, c’est Bad Bunny !