Portrait : Claire Mazzocco, Ingénieure de Recherche à l’IMN
À l’occasion de la « Journée internationale des femmes et des filles de science », nous avons le plaisir de vous présenter des portraits quotidiens de femmes scientifiques de l’IMN.
Leurs origines et leurs professions sont diverses, mais elles partagent toutes la même passion pour la recherche et la science.
Portraits à l’initiative d’Alba Garcia Baos, Jakob Scharnholz, Claire Delattre et Christelle Glangetas.
Claire Mazzocco
Ingénieure de Recherche en Neurosciences
Institut des Maladies Neurodégénératives
“ A partir du moment où tu as un Doctorat, tu peux tout faire. Tu es capable de t’adapter”
En quelques mots, sur quoi travailles-tu au laboratoire?
Claire : Je travaille sur plusieurs projets en parallèle, dont un au sein d’un Consortium impliquant à la fois des laboratoires de biologie, de chimie, d’épidémiologie, de sciences sociales et de sciences humaines. Mon rôle est d’étudier l’effet d’une exposition chronique et à faible dose de pesticides sur l’organisme de la souris. J’utilise des doses comparables à celles utilisées dans l’alimentation et à partir de cela, je regarde le lien qu’il peut y avoir entre cette exposition aux pesticides et l’aggravation de pathologies neurologiques, J’étudie cela dans des modèles murins mimant maladie de Parkinson. Nous évaluons à la fois l’impact sur le cerveau, les reins, le foie, et les intestins.
Cette étude translationnelle est particulièrement importante car elle peut avoir un impact sociétal important et sensibiliser ou faire évoluer la réglementation des normes d’exposition aux pesticides.
Y a-t- il des effets délétères sur le cerveau? Claire peut imager le cerveau de souris par tomographie moléculaire à fluorescence. Cette approche non invasive permet de localiser des molécules fluorescentes injectées dans le cerveau de la souris (molécule de fibril asynuclein) et de suivre leur diffusion dans le cerveau. Cette molécule peut être également observée sur des coupes de cerveau de souris, dans le striatum, une région du cerveau affectée par la maladie de Parkinson.
As-tu toujours su que tu voulais faire des sciences ?
Claire : J’ai toujours aimé les animaux et la nature. En terminale, étudier la biologie était une évidence. A un moment, j’ai tout de même voulu faire de l’aéronautique mais je n’étais pas assez bonne en maths et en physique. Comme j’aimais la biologie en terminale, j’ai fait un DEUG en biologie en “Sciences de la Nature et de l’Environnement” puis une licence en “Sciences Naturelles”. J’ai ensuite suivi un DEA (master) en “Biologie des organismes et des populations”. J’ai eu un super professeur en Neuroendocrinologie de l’insecte et c’est lui qui m’a donné envie de continuer dans cette voie-là, d’intégrer son laboratoire de recherche et faire de la physiologie de l’insecte. Pour rejoindre son laboratoire, j’ai fait un master en Neuroscience et j’y suis restée pour faire ma thèse en Neurosciences.
Peux-tu nous décrire à quoi ressemble ta journée type en tant qu’ingénieure ?
Claire : Il n’ y a pas une journée type et c’est ça qui me plaît. Je suis souvent à l’animalerie, à la paillasse ou au microscope pour faire de l’imagerie, mais chaque journée est unique. J’ai de toutes manières du mal à rester au bureau au laboratoire. Si j’ai des analyses à faire, je les fais depuis chez moi.
Pourquoi as-tu décidé de devenir ingénieure ?
Claire : Je n’ai pas choisi d’être ingénieure, c’est le métier qui m’a choisi. J’ai essayé d’être enseignante-chercheuse mais je n’ai pas eu le concours et pour être chercheuse au CNRS, je n’avais pas le dossier. Mais ce n’est pas une mauvaise chose, j’aime ce que je fais et mon parcours morcelé me permet aujourd’hui de maîtriser une multitude de techniques et d’outils qui me sont utiles aujourd’hui pour m’adapter et faire évoluer les projets sur lesquels je travaille.
Complète cette phrase s’il te plaît : « Pour faire des sciences, il faut … »
Claire : …être persévérant et curieux !
As-tu rencontré des difficultés en tant que femme souhaitant travailler dans le domaine des Sciences ?
Claire : Je n’ai pas rencontré de problèmes ou d’obstacles particuliers en tant que femme dans le domaine scientifique.
Où te vois-tu dans 5 ans ?
Claire : Dans 5 ans, j’espère être toujours dans l’équipe d’Erwan Bézard! Ça match parfaitement entre nous. Je suis autonome, proactive, il me donne les moyens d’aller au bout de mes idées et donc de créer comme je le veux. On se fait confiance mutuellement, c’est très satisfaisant. Il n’y a pas de routine et ça c’est super.
Que voudrais-tu dire à la jeune génération (et aux filles qui aiment les sciences et qui hésitent à s’orienter vers les sciences) ?
Claire : Je leur dirais à tous, filles et garçons, qu’il faut bosser, persévérer et forcer jusqu’à ce que ça passe. Il faut y croire parce que ça finit par fonctionner.
Et pour finir ce portrait, la Science de Claire en musique: qu’est ce que tu écoutes à la paillasse?
Claire : Je suis de l’ancienne génération. Je n’écoute pas de musique en travaillant. Je préfère me concentrer sur ce que je fais.